Paul Emile NICKEL est le grand-père de ma grand-mère.
Il est mort à 40 ans sur le champ de bataille, laissant dernière lui sa femme et sa fille, seules.
Il est parti en août 1914 à la mobilisation générale du pays, et il est décédé très tôt, le 27 novembre 1914 à Berthonval, Mont-St-Eloi dans le Pas-de-Calais.
Ma grand-mère ignorait tout de sa mort, elle savait seulement qu’il était mort à la guerre, mais ne savait pas quand ni où. J’ai fait des recherches et j’ai retrouvé son décès grâce au site Mémoire des hommes.
Aujourd’hui je cherche à retrouver où il est enterré. J’ai épluché de nombreux sites, mais j’ai l’impression qu’il n’a pas de tombe individuelle. Mais comment en être sûre ? Où trouver une preuve qu’il n’a pas de tombe individuelle, qu’il est enterré dans une fosse commune ? Et si c’est le cas, dans quelle fosse commune ?
Voici sa fiche extraite du site Mémoire des hommes. Il faisait partie du 54ème bataillon alpin de chasseurs à pied, à sa mort. Son nom était orthographié avec une faute d’orthographe sur cette fiche, d’où le fait que j’ai mis du temps à la trouver…
Fiche de Paul Emile NICKEL
En faisant plusieurs recherches, j’ai découvert que certains soldats, appartenant au même bataillon que lui et morts le même jour que lui, étaient enterrés au cimetière militaire d’Écoivres à Mont-Saint-Eloi.
Il est donc mort le 27 décembre, certainement sous le commandement du sous lieutenant Devaere, jour horrible où 106 hommes ont perdu la mort près de la ferme Berthonval à Mont-St-Eloi. Voici quelques photos:
couverture de l’historique du 54° BACP
Détail de la journée du 27/12/1914
J’ai retrouvé la tombe du sous lieutenant George DEVAERE au cimetière militaire d’Ecoivres. J’ai déposé une fleur au pied de sa tombe. Puis je me suis rendue au pied des deux tours restantes de l’Abbaye de Mont-st-Eloi qui a vu les combats de la guerre de 14, et de laquelle on aperçoit les champs de la ferme de Berthonval, là où est mort mon arrière-arrière-grand-père. Quand j’ai aperçu ces deux tours au loin, sur la route, à plusieurs kilomètres du village, j’ai été saisie d’effroi. Il est possible que de ces tours, les allemands aient tiré sur les soldats dans les champs. Quand je suis arrivée sur le site, j’ai également été pétrifiée par ses deux tours vertigineuses, complètement en ruines, mais résistant malgré elles à survivre. Elles ont vu mon ancêtre tomber à ses pieds, c’est peut-être la dernière image qu’il aura eu devant les yeux avant de mourir.
Ensuite, je me suis rendue à la nécropole de la Targette, où se trouve un mémorial comprenant les ossements de 3212 militaires français morts pendant la 1ère guerre mondiale. Je suis persuadée que c’est ici que se trouve Paul Emile NICKEL. Si je ne trouve pas de tombe individuelle à son nom, il est certainement enterré ici ? J’y ai déposé un bouquet de chrysanthèmes à sa mémoires et à celles des autres soldats.
Ce qui m’horrifie c’est de me dire que s’il n’a pas une tombe individuelle, c’est que l’on a pu identifier son corps. Il a certainement dû mourir, d’une mort atroce. C’était vraiment très fort et très important pour moi de découvrir l’existence de cette nécropole. Quand j’ai vu le nombre de soldats, j’en ai été bouleversée. De la sortie d’autoroute près d’Arras à Mont-St-Eloi, je n’ai pu compter le nombre de fléchages indiquant des nécropoles et des cimetières militaires (dont, au passage, de nombreux cimetières de soldats canadiens, merci à ces hommes d’avoir défendu notre territoire). C’est bouleversant de rouler à travers champs dans un site immense qui fut un vrai cimetière à ciel ouvert. Il faut s’y rendre pour comprendre l’ampleur de cette guerre.
J’ai ensuite cherché la tombe de Henri Louis PETIT, soldat né 3 mois avant Paul Emile NICKEL, dans l’Allier également, et qui est mort le même jour que mon arrière-arrière-grand-père sur le même champ de Berthonval et qui appartenait au même bataillon. Je ne peux m’empêcher de penser qu’ils se sont forcément connus, et peut-être même qu’ils ont été amis et qu’ils ont combattus côte à côte. Je lui ai également déposé une fleur au pied de sa croix.
J’espère que Paul Emile serait heureux de voir qu’il n’a pas été oublié et que son arrière-arrière-arrière petite fille est venue lui rendre hommage, puisque ma fille m’a accompagnée dans ce voyage. C’est elle qui a déposé la gerbe sur la tombe du commandant DEVAERE.
Tombe de Henri Louis PETIT
La basilique de Mont-St-Eloi qui a vu les combats sanglants de la guerre de 14.
Au pied des tours: impressionnantes quand on est à leur pied
Vue de la ferme Berthonval depuis la basilique
Necropole de la Targette
memorial à la Targette, aux soldat inconnus
Tombe de Louis Henri PETIT
Ma recherche:
- Comment savoir précisément si Paul Emile NICKEL a une tombe individuelle où s’il est enterré dans un mémorial de soldats inconnus ?