N comme le fort Napoléon

Victor Gustave Hardoin
Fusilier
Fort Napoléon
Saintes (Guadeloupe)

Le 2 février 1885

Cher lecteur,

Voilà deux ans que je t’ai écrit. Depuis, les choses ont mal tourné comme je le prédisais. Mais c’est sûr que je ne me tiens pas à carreau. Je suis trop indiscipliné, même dans la marine. J’ai volé mes camarades d’infanterie. Du coup, je suis actuellement interné dans le Fort Napoléon, à Saintes.

 

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Lettre du chef de la division des enfants assistés – février 1885

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entête d’une lettre de l’assistance publique, en date du 2 février 1885

Oui, je sais, toi lecteur, ce fort te paraît un endroit magique avec une vue imprenable sur Terre de Haut, mais détrompe-toi. Pour moi à l’époque c’était très dur.

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extrait d’une photo issue du site http://www.les-saintes.com

Une prison, c’est une prison…

Tu sais pourquoi ce fort porte le nom de Napoléon ? Tu te souviens de Louis Napoléon Bonaparte qui a visité en 1852 la colonie du Val d’Yèvre où j’ai été incarcéré. Il était alors président de la IIème république. Il est devenu empereur, à la fin de l’année 1852, et est devenu Napoléon III. Le fort porte son nom. Mais, tu parles, il n’est jamais venu ici !

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Et bien moi, j’y suis incarcéré. On dirait que j’ai pris un abonnement aux prisons: après Montluçon, puis la colonie du Val d’Yèvre, je me retrouve ici.

Mais pourquoi tu me regardes encore bizarrement, toi, ma rédactrice du XXIème Siècle ? Pourquoi le mot prison te fait réagir ?

Tu sais quand je vais sortir d’ici ? Dis-le moi si tu sais, car j’en ai marre d’être enfermé. Et la prison, ça ne me guérit pas de ma rage… Jamais, jamais tu m’entends je ne trouverai la paix. La vie est trop injuste pour que je puisse me calmer.

A demain, rédactrice

A demain, lecteur

Victor

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